Le couple face à l’épreuve

La vie nous expose à ses inattendus parfois heureux, parfois dramatiques. La vie ne se vit pas sans épreuve … Le couple n’échappe pas à cette règle ! Alors comment peut-il y faire face?

Si le mot épreuve a souvent une connotation négative, il désigne aussi un essai par lequel on éprouve la résistance, la qualité de quelque chose[1]. En ce sens, il renvoie à une conception de l’individu en tant que sujet qui peut révéler toute sa richesse face à l’adversité.

Dans la vie à deux, l’épreuve prend une tonalité particulière : si elle affecte directement l’un de ses membres, le couple en est immanquablement impacté. Mutation, perte d’emploi, maladie, deuil, handicap, … les turbulences à traverser ensemble sont nombreuses. Comment un couple peut-il y faire face ?

Quelques points clés :

Communiquer, écouter, accepter : Le couple n’est pas la fusion de deux individus ; il se compose de deux personnes différentes, chacune avec ses propres émotions et besoins, ses ressources particulières.

Chacun va donc réagir différemment dans la difficulté. Certains passeront par une période de déni avant de pouvoir intégrer la réalité ; d’autres plongeront dans une tristesse profonde pendant un certain temps. À ce stade, se comparer ou juger l’autre serait donc préjudiciable. Par contre, l’expression et l’écoute mutuelle des émotions et besoins de chacun dans le respect de l’autre pourront apporter un peu de réconfort. Cela suppose l’acceptation de l’autre tel qu’il est avec sa façon propre de réagir tout en mettant en évidence ses forces et ses ressources. Car valoriser son partenaire, renforcera la résilience. Il n’y a pas de place pour la culpabilisation : elle ne ferait qu’enfoncer l’autre dans sa douleur.

Accepter l’autre, c’est aussi reconnaître qu’il ne peut répondre à tous nos besoins.  Il ne trouvera peut-être pas toujours les mots ou les gestes attendus. La gratitude pour ce qui est quand même donné – parfois simplement une présence – et le recours à des ressources extérieures pour ce qui manque crucialement aident à ne pas tomber dans l’aigreur et la solitude.

Protéger son intimité : Dans la souffrance, le couple peut puiser la force d’avancer dans ce qui les unit. Tous deux restent époux/partenaires. Leur relation conjugale les appelle à prendre soin de l’autre mais aussi à se nourrir mutuellement de leur amour. Si l’un des deux est malade ou perd son emploi, il est avant tout un conjoint, non un malade ou un chômeur ! Les paroles, la tendresse et le toucher restent essentiels dans un cœur à cœur et un corps à corps chaleureux et attentionnés. Il s’agit de préserver l’intimité conjugale. Et les aléas du désirs inviteront à puiser dans la créativité pour rester en lien et nourrir la complicité.

Rester ouverts : S’il ne choisit pas ses épreuves, le couple peut néanmoins rester acteur de sa vie dans la créativité et la flexibilité. L’adversité l’invite à dresser le bilan du passé, à cueillir les fleurs qui jalonnent malgré tout le chemin de la douleur et à se tourner vers l’avenir.

Cette ouverture s’étend aussi à ceux qui les entourent : Ne pas rester seul, vivre dans la solidarité, rester capable de générosité. La relation aux autres comprend aussi le Tout Autre. Le couple croyant peut ainsi se ressourcer en Celui qui partage ses souffrances : Lui confier ses peines, Lui exprimer son désir et Lui demander courage et espérance.

Enfin l’ouverture à la nouveauté, voire à une certaine légèreté contribue à donner du souffle : sortir du quotidien, se faire plaisir, garder un peu d’humour, autant de pépites de vie à savourer ensemble.

Revenir à l’essentiel : Revenir à ses valeurs profondes, à sa vision de l’amour, la mort, la vie, la maladie, le handicap, … peut aider le couple à affronter ensemble l’adversité. Cela suppose d’avoir osé, au préalable, aborder ces questions existentielles et de s’y retrouver même si personne ne peut dire à l’avance comment il affrontera vraiment les tribulations de la vie.

Le couple pourra donc mieux traverser l’épreuve s’il consent à vivre l’unité dans la diversité : respecter le vécu de chacun et, sur base d’un socle solide de valeurs partagées, continuer à se nourrir mutuellement, à préserver et adapter son intimité et à rester ouvert aux opportunités du présent. Ceux qui le vivent pleinement témoignent de leur joie de toucher à l’essentiel…

Myriam Denis

Psychothérapeute conjugale et familiale Le Chêne de Mambré


[1] Dictionnaire Larousse

Photos: istock

Groupe de parole pour personnes séparées ou divorcées

Vivre une séparation ou un divorce est une période difficile à traverser… Un accompagnement bienveillant peut permettre aux personnes qui affrontent une telle situation de se sentir moins seules. A cette fin, Le Chêne de Mambré propose aux personnes séparées ou divorcées, un groupe de parole pour leur permettre de retrouver un ancrage et d’aller de l’avant ! Deux psychothérapeutes professionnelles faciliteront les échanges lors de ces rencontres qui auront lieu en présentiel à Wavre.

Les quatre accords toltèques

La communication et l’écoute sont des éléments clefs au sein d’un couple. A travers notre communication, nos gestes, nous allons pouvoir vivre davantage en harmonie. Les quatre accords toltèques nous apportent des conseils bien concrets.

Pour lire la suite de cet article…

La différenciation au service du lien…

Lien… Attachement ou entrave ? Affinité ou enchaînement ? Tous nous cherchons à être en lien, à vivre ou recréer des relations positives ! Et pourtant…

Pourtant, combien de tensions, de conflits, de cancers (« quand serre… ») issus de liens abîmés, trompés ? Combien de dépressions, suicides engendrés par des ruptures de liens ?…  Nous avons tant de mal à détricoter les mécanismes sous-jacents de ce qui perturbe nos relations, à comprendre les attitudes de l’autre et bien souvent à nous comprendre nous-mêmes.

Le sujet fait couler beaucoup d’encre. Nous voudrions ici nous focaliser sur un élément essentiel pour soigner le lien : celui de l’unité dans la diversité.

La Trinité est l’essence même de notre foi : trois entités distinctes en une : Le Créateur, le Fils et l’Esprit qui les unit. Le couple est le sacrement de cette Trinité : l’homme, la femme et le couple lui-même créé par le lien l‘amour qui les unit. La famille composée du père, de la mère et de l’enfant reflète à leur façon cette image trinitaire. Des composantes différentes qui, tout en étant unies demandent à vivre en tant que telles.

La vie de ces communautés de personnes n’est possible que si la recherche d’unité s’associe à la différenciation de ces membres. Un couple laissant peu d’opportunités à chacun des partenaires d’être lui-même risque d’imploser. Une famille « très famille » qui entrave la liberté de ses membres dans ses choix et ses prises de distance se prépare paradoxalement à son éclatement.

Accepter la prise de distance et donner du temps au temps permettra à ceux qui s’éloignent de se sentir respectés et peut-être de revenir un jour. Le père du fils prodigue l’avait bien compris ![1]

Chaque groupe, couple, famille a besoin d’inspiration et d’expiration, de rapprochement et d’éloignement. C’est une question de souffle et d’équilibre. L’éloignement permet en effet à chacun de se recentrer, de se réaligner dans sa globalité (de refaire du lien en soi) ; de prendre conscience de la cohérence entre ce qu’il vit, ce qu’il ressent, ce qu’il pense ou souhaite et de se réajuster si nécessaire.

Parfois, dans un couple, l’un a besoin de distance, l’autre de rapprochement et ces aspirations apparemment contradictoires peuvent être mal comprises. Si Paul cherche à prendre plus de temps seul pendant une certaine période, Alix peut craindre de le perdre. Elle risque alors de s’accrocher à lui, de lui demander d’être présent tous les jours, de lui poser mille questions sur ses allées et venues. Paul, qui a besoin de solitude, sera alors poussé à prendre davantage ses distances incitant Alix à s’accrocher davantage… Un cercle vicieux s’installe. Il s’agit du paradoxe de la passion[2].

Seul le dialogue permet d’éviter ou de sortir de ce piège en exprimant ses sentiments (ex : étouffement pour l’un, inquiétude pour l’autre) et ses besoins (ex : distance pour lui, présence et sécurité pour elle) tout en tenant compte de ceux de l’autre.

Il y a aussi des liens si abîmés que les mots ne conviennent plus ou ne suffisent plus. Certaines personnes tellement peu respectées dans leur particularité n’osent plus s’exprimer. Une aide extérieure peut alors se révéler nécessaire pour permettre de comprendre les silences, de parler en son propre nom, d’oser la différence non plus comprise comme une menace mais comme une richesse et une condition de lien souple et solide !

Myriam Frys-Denis

Thérapeute conjugale et Familiale

Chêne de Mambré


[1] Le livre de Marion Muller Colard, Les Grandissants aborde ce sujet de façon très intéressante. Ed. Labor Et Fides, 2021, 88p,

[2] Delis, D. – Phillips C. Le paradoxe de la passion ; les jeux : de l’amour et du pouvoir. Ed Robert Laffont, 2007, 412p