Se protéger des tentations de division au sein du couple

« Chasse au loin l’ennemi qui nous menace, hâte-toi de nous donner la paix », dit-on dans le Veni creator spiritus. Quel serait donc, au sein du couple, cet ennemi que l’Esprit Saint nous aiderait à combattre ?

L’ennemi, ou Satan, c’est le diviseur. Il rôde, toujours prêt à s’immiscer insidieusement entre les conjoints. Il cherche à menacer la fidélité et la fécondité du couple. Dans la Genèse, le serpent convainc Adam et Eve que Dieu les trompe : ils peuvent devenir « comme des dieux ». Ils succombent à son raisonnement et se découvrent nus parce qu’ils ont cru aux désinformations du tentateur.

Dans notre monde actuel, quelles seraient les affirmations trompeuses, les croyances qui menacent le bonheur des couples et appellent à la vigilance ? À bien y regarder, elles ne sont jamais très loin car elles sont véhiculées par la culture ambiante, notre éducation, nos blessures… Nous en relevons sept :

  1. Il faut être le meilleur, chercher à avoir raison, au lieu de soigner le lien. Dans cet esprit de compétition omniprésent aujourd’hui, le couple est tenté de vivre certaines différences non comme une richesse et une complémentarité mais comme une menace. Si les deux conjoints partagent les mêmes pensées, tout va bien ; si des divergences surgissent, le risque de lutte de pouvoir survient. Alors que désaccord ne signifie nullement désamour…
  2. Mieux vaut exprimer ses pensées que ses émotions : Notre société cartésienne a longtemps valorisé la pensée et le jugement au détriment des émotions. Exprimer son ressenti peut être considéré comme une faiblesse.  Le « tu, te, toi » associé à une critique supplante souvent un « je » qui exprimerait simplement ses sentiments et ses besoins.
  3. Ma famille d’origine et ses rituels, c’est sacré. Chaque partenaire vient d’une famille qui a ses valeurs, ses traditions et ses croyances. Si un membre du couple s’accroche à celles-ci, il va immanquablement se confronter à l’autre qui ne les partage sans doute pas de la même façon. Chacun aura besoin de lâcher-prise et de créativité pour envisager de nouveaux rituels communs au couple.
  4. L’autre va combler ce qui me manque : Cette attente, parfois très forte, révèle des blessures de l’ego.  Vivre dans l’illusion que l’autre comblera ce qui nous manque amène souvent amertume et désenchantement…
  5. Je dois faire un maximum de choses le mieux possible pour être aimé. L’éducation ou des expériences du passé ont pu semer cette conviction chez certains.  Ils ont du mal à dire « non », ils s’épuisent au travail et en couple. Alors que l’amour vrai concerne l’être et non le faire.
  6. Le bonheur ne peut pas toujours durer : Eh oui, l’auto-sabotage existe !  Quand le bonheur est là, certains ont tellement peur de le perdre qu’ils préfèrent inconsciemment s’en détacher eux-mêmes pour moins souffrir !  Et cela parfois jusqu’à quitter eux-mêmes leur partenaire plutôt que le voir les abandonner …
  7. Je peux avoir tout, le meilleur et vite : La culture de l’immédiateté et de la consommation nourrit l’illusion de la toute-puissance.  L’individu de nos sociétés est tenté de ne plus choisir, de vouloir tout prendre : travail à temps plein et lucratif, enfants, amis, activités diverses, pouvant entraîner épuisement et burn-out. Nous nous trompons sur l’infini : il réside en effet dans l’être, non dans le faire ou l’avoir.

Face à ces sept fausses croyances, nous sommes dès lors invités à un retour à l’intériorité pour invoquer les sept dons de l’Esprit :

  • La sagesse, l’intelligence et la science pour prendre conscience de nos croyances et écarter celles qui ne sont pas porteuses de vie ; pour adopter le regard de Dieu et scruter au-delà des réalités les signes du Royaume.
  • Le conseil et la force pour avoir le courage de vivre libre, d’aller à contre-courant, de prendre le temps de vivre et de contempler, de choisir la simplicité, la bienveillance, de chercher à être heureux plutôt que d’avoir raison (Marshall Rosenberg) !
  • La piété et la crainte de Dieu (affection filiale) pour accueillir la vulnérabilité, vivre dans la confiance et la gratitude.

Il s’agit de revenir à soi et à Dieu en soi pour réaliser que le bonheur naît d’un consentement au réel, à notre finitude déjà habitée par le Royaume, l’infini de l’Amour divin, tout en se rappelant cette parole fondamentale : seul ce qui est vécu dans l’amour est éternel.

Myriam Denis

Psychothérapeute conjugale et familiale

Le Chêne de Mambré


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